La violence monte encore d’un cran. Il y a quelques semaines, nous avons soulevé la question de l’insécurité et des agressions d’internes et de résidents en médecine dans les services d’urgence, après que plusieurs de nos confrères ont été molestés par des patients ou des personnes accompagnant ces derniers. Pourtant, le ministère de la santé publique n’a pas jugé bon de prendre les mesures qui s’imposaient pour remédier à ce problème devenu hélas chronique.
Aujourd’hui, la violence vient d’un autre coté car c’est la police qui ose maintenant s’en prendre physiquement aux médecins. Le vendredi 15 juillet 2011, revenant de la médina, un résident en orthopédie a assisté à la dispersion violente de la foule par les forces de l’ordre. Il a alors accompli son devoir et a naturellement porté assistance aux blessés. Réfugié dans une mosquée avec certains des manifestants et des passants qu’il tentait de secourir, il s’est retrouvé pris au piège par les policiers. Après des négociations, il a été convenu de laisser sortir sans violence les réfugiés. Le résident en orthopédie s’est alors clairement présenté comme médecin aux agents de police, mais cela ne les a pas empêchés de le frapper et de l’humilier. Il a ensuite été conduit de force à Bouchoucha où il a dû passer la nuit.
Notre collègue a finalement été libéré l’après-midi du samedi 16 juillet 2011 suite aux interventions d’associations défendant les droits et les libertés des Tunisiens.
Nous ne comprenons pas comment la Tunisie a pu en arriver là : la violence institutionnelle dirigée contre de simples manifestants et même contre des médecins. Quand un gouvernement donne l’ordre d’user de la force contre des journalistes, des médecins et des manifestants pacifiques, l’ombre de la tyrannie n’est plus très loin. Vous connaissez peut-être l’histoire de l’homme qui tombe du haut d’un immeuble et qui se dit à chaque étage : « Jusqu’ici, tout va bien… »
Signé : Le SIRT
Le syndicat des internes et des
Résidents en médecine de Tunis.
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