L'ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a été condamné jeudi par contumace à 16 ans de prison pour corruption et fraude immobilière, dans deux affaires d'achat et cession de terrains immobiliers au début des années 2000.
Il s'agissait du troisième procès à l'encontre du président déchu réfugié en Arabie Saoudite, qui a déjà été condamné à plus de 50 ans de prison dans deux autres affaires jugées fin juin et début juillet.
Sa fille Nesrine et son gendre Sakher al Materi étaient également poursuivis par contumace dans les affaires examinées jeudi. Nesrine a écopé de 8 ans de prison pour le premier dossier, et Sakhr al Materi a été condamné à 16 ans pour les deux affaires, qui ont trait à l'achat et la cession de deux terrains immobiliers dans un quartier huppé de Tunis.
L'ancien président tunisien est accusé d'être intervenu personnellement pour permettre à son gendre d'acheter et de vendre les deux lots de terrain, situés aux Berges du lac de Tunis.
Selon le chargé des contentieux de l'État, Ahmed Bouzekri, présent à l'audience, un rapport établit que les terrains ont été acquis à 23 dinars (11,5 euros) le mètre carré au lieu de 350 dinars (175 euros) leur prix réel, pour être revendus à 1 500 dinars/m2, soit plus de six fois le prix en bénéfice illicite.
«Les faits prouvent qu'il y a des infractions et des excès de pouvoir commis par l'ex-président pour les deux lots de terrain» concernés, a-t-il indiqué à l'AFP.
«C'est une perte pour l'État et le bien public. Nous réclamons la peine la plus lourde», avait déclaré le représentant du procureur après la lecture des chefs d'inculpation.
Pour la première affaire, concernant l'achat du terrain, Ben Ali et ses deux proches ont été également condamnés à verser 30 millions de dinars (environ 15 millions d'euros) chacun.
Ils sont également condamnés à verser collectivement 20 millions de dinars (10 millions de dinars) de dommages et intérêts à l'État dans cette affaire.
Dans le deuxième dossier, le président déchu et son gendre sont condamnés à verser chacun 14 millions de dinars et, ensemble, 5 millions de dommages et intérêts.
Lors de l'audience, l'avocat de Nesrine et Sakher Al Materi, Hosni Béji, a dénoncé «un dossier monté de toute pièce» et critiqué les conditions du procès.
La Cour a rendu son verdict à l'issue d'une demi-journée d'audience et plusieurs heures de délibération.
Plus d'une centaine d'affaires sont actuellement instruites par la justice tunisienne à l'encontre du président déchu, qui doit répondre de 93 chefs d'accusation, dont 35 devant une juridiction militaire.
Ben Ali est réfugié depuis le 14 janvier en Arabie Saoudite, qui n'a pas répondu pour l'instant aux demandes d'extradition de la Tunisie.
Sakhr al-Materi, le gendre préféré de Ben Ali, est quant à lui réfugié au Qatar.
Dans un autre procès, qui s'est tenu jeudi juste avant l'audience consacrée à M. Ben Ali, Sofiane, son neveu, a été condamné à huit ans de prison et 2000 dinars d'amende pour consommation de stupéfiants.
Sofiane, incarcéré depuis son arrestation à l'aéroport de Tunis-Carthage le 14 janvier, a comparu jeudi devant la Cour. Il est également poursuivi dans une autre affaire (tentative de fuite du territoire et détention illégale de devises) avec 22 autres membres du clan Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi. Ce procès, ouvert mardi, doit reprendre le 2 août.
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