Erreur 404 : bloggers not found... Affichette de protestation contre la censure d’Internet en Tunisie
La journée d’hier est à marquer d’une pierre noire dans l’histoire de l’Internet tunisien. En quelques heures, au moins cinq blogueurs et militants pour la liberté d’expression ont été arrêtés ou ont disparu. Selon des informations rassemblées par Reporters sans frontières, ils sont interrogés par la police sur l’activité des internautes surnommés Anonymous, suspectés d’avoir hacké des sites gouvernementaux.
Le pays est secoué de troubles sociaux depuis le geste d’un jeune « diplômé chômeur », Mohamed Bouazizi, qui s’est immolé par le feu le 17 décembre (il en est mort mardi soir), désespéré par le manque d’emplois et de perspectives d’avenir. S’en sont suivi manifestations, violentes répressions policières, arrestations et black-out presque total des canaux d’informations officiels. À l’heure actuelle, l’essentiel de la mobilisation s’organise donc par Internet, sur les quelques sites encore accessibles aux internautes tunisiens — essentiellement Facebook et Twitter. Les plateformes de partage de photos et vidéos sont, elles, largement touchées par la censure.
C’est dans ces circonstances que plusieurs blogueurs militant pour la liberté d’expression ont été appréhendés hier. Slim Amamou, blogueur sur Nawaat.org et habituellement bavard sur Twitter, a publié son dernier tweet hier à 13h après avoir remarqué « des flics autour de la maison » peu auparavant. Grâce à l’application Foursquare, installée sur son téléphone mobile, il a publié en ligne sa position géographique. « La position du téléphone du blogueur indique qu’il se trouve dans les locaux du ministère de l’intérieur sur l’avenue Habib Bourguiba » à Tunis, rapporte Nawaat. Depuis, plus de nouvelles. Il est l’un des blogueurs les plus influents en Tunisie, et a notamment été l’un des initiateurs du mouvement Sayeb Sala7 contre la censure du Net en mai 2010. Il a déjà été arrêté, brièvement, à cette occasion.
Azyz Amamy, blogueur et protestant de la région de Sidi Bouzid dont il est originaire, manque également à l’appel. Son blog est inaccessible ; son profil Facebook a été désactivé. Le rappeur Hamada Ben Amor, connu sous son nom de scène El Général et auteur d’une chanson accusant le président Ben Ali, a été arrêté à Sfax au domicile de ses parents. Sleh Edine Kchouk et Hamadi Kaloutcha, blogueurs, ont vu leur ordinateur saisi par des policiers avant de les suivre au poste. « Les policiers ont déclaré à son épouse qu’ils l’emmenaient au commissariat le plus proche, qu’ils avaient “seulement quelques questions à lui poser” et que “cela ne prendrait que quelques heures”, détaille Reporters sans frontières. On est toujours sans nouvelles de lui. »
L’ONG a appelé les autorités tunisiennes à relâcher les cybermilitants sans délai : « ces arrestations, destinées à intimider les internautes tunisiens et leurs soutiens internationaux, sont contreproductives et risquent d’attiser les tensions. Ce n’est pas en arrêtant quelques blogueurs que les images des manifestations disparaîtront de la Toile ou que les cyberattaques cesseront. Durcir la répression n’est pas la solution à la crise que traverse la Tunisie aujourd’hui. »
Des articles et affiches réclamant la libération des blogueurs s’échangent chez les internautes tunisiens. Sur Twitter, les informations circulent accompagnées du mot-clé (hashtag) #sidibouzid.
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